Blog de l'agence
Immobilier : “les prix ne peuvent pas s’effondrer”, selon le président de la Fnaim
Partager cette actu
Dans une France confinée, les transactions immobilières sont quasiment à l’arrêt. Pour autant, le président de la Fnaim, Jean-Marc Torrollion, ne croit pas à un effondrement des prix.
Capital : Quel est l’impact du confinement sur les ventes immobilières ?
Jean-Marc Torrollion : Jusqu’au 15 mars, nous étions sur une activité très dynamique, avec une pénurie d’offre de logements dans certaines villes. Nous prévoyions alors un rythme de 950.000 ventes pour cette année. Mais aujourd’hui, nous sommes à une période de non-marché. Je ne crois pas que beaucoup de ventes ou de constructions se réaliseront dans les 15 prochains jours. Pour autant, nous n’observons pas une vague de désengagement sur les promesses de vente, ou d’annulation. Il reste toujours possible de préparer son projet immobilier : les agents même confinés demeurent joignables. Nous réfléchissons d’ailleurs avec les notaires et les services de l’Etat à la mise en place de nouvelles solutions pour que les transactions puissent continuer à se faire à distance dans les prochaines semaines. C’est important pour la trésorerie de nos entreprises, mais aussi pour les émoluments des notaires eux-mêmes.
Capital : Le secteur de l’immobilier est-il menacé économiquement ?
Jean-Marc Torrollion : Bien sûr, nous craignons que certaines entreprises ferment leur portes. C’est pourquoi nous avons absolument besoin de bénéficier du chômage partiel, et du fonds de solidarité des entreprises. La grande majorité des professionnels travaillent dans des petites structures, PME ou TPE, qui devraient y être éligibles. Mars, avril et mai font habituellement partie des mois où l’on signe le plus de transactions immobilières. Je prévois un gros coup de frein sur l’activité, qui sera beaucoup plus sévère que lors de la crise de 2008. Certes, la fréquentation de nos sites d’annonces a diminué de 25%. Mais cette baisse encore relative signifie aussi que beaucoup de futurs acheteurs continuent à être attentifs au marché immobilier. Nous préparons déjà la reprise de l’activité, même si à mon sens, elle ne pourra se faire que progressivement. Et elle dépendra beaucoup de la politique de crédit des banques.
Capital : C’est-à-dire ?
Jean-Marc Torrollion : La clé pour savoir si l’activité va reprendre, dépendra des conditions auxquelles les banques vont continuer à prêter. Auront-elles les ressources suffisantes pour financer à la fois la relance des entreprises et celle du marché immobilier ? Durciront-elles leurs conditions de crédit pour les acheteurs, afin de s’assurer plus de marges de sécurité ? Les banques privilégieront-elles la relance des entreprises ? Il reste difficile de prédire ces éléments. Il existe aussi de grosses incertitudes qui sortent un peu de nos champs de compétences. Notamment sur une possible inflation après les politiques de relance de la BCE, ou encore sur un krach financier qui compliquerait la situation...
Capital : Dans ce contexte, les prix de l’immobilier peuvent-ils baisser ?
Jean-Marc Torrollion : Cela dépendra de la rapidité d’ajustement du marché. Si les retraits des offres correspondent à l’apathie de la demande des acheteurs, je ne crois pas à l’effondrement des prix. Et certainement pas à une baisse dans le sens éclatement d’une bulle. En effet, si l’on met de côté les dix plus grandes métropoles, la plupart du temps, les prix ont stagné, voire baissé ces cinq dernières années. Notamment dans les 28.000 communes rurales, mais aussi dans les agglomérations de tailles intermédiaires. En euros constant, on peut même dire que les prix ont plutôt baissé. La “bulle” immobilière ne peut donc pas exploser, puisque nous n’étions pas du tout dans une bulle immobilière ! Par ailleurs, c’est dans les grandes villes, où les prix ont le plus explosé ces dernières années, que le marché pourrait reprendre le plus vite. Historiquement, en période de crise comme nous avons connu en 2007, mais aussi en 2001 et au début des années 90, nous avons rarement vu une surabondance d’offres par rapport à la demande. C’est pourquoi l’effondrement des prix n’est pas le scénario que je privilégierais.
Capital : Si vous aviez trois conseils à donner aux acheteurs et vendeurs dans ce contexte, quels seraient-ils ?
Jean-Marc Torrollion : Si j’avais aujourd’hui un bien en vente : je le laisserai à la vente, et je ne modifierai pas mon prix. Si j’étais acquéreur, là, je me mettrais en situation d’attente, pour observer les biens et l’évolution du marché. Enfin, si à l’issue du confinement, un acheteur souhaite vendre son logement pour pouvoir acheter, je lui conseille d’appeler quelques agences pour travailler ce que serait un prix en sortie de crise, préparer sa vente… Mais je lui dirais aussi que ce n’est pas maintenant qu’il doit mettre son bien en vente.
Un article de Antoine Laurent